Dans la noirceur de l’actualité, des problèmes majeurs sont banalisés. Certes, au niveau politique, le démon du flux migratoire reste toujours brandi. Toutefois le sort des migrants, sans-papier, quant à lui nous est devenu une préoccupation mineure. Ce roman policier suit le cheminement d’un jeune chrétien irakien poussé à l’exil par des terroristes islamistes. Un chemin de croix qui le fait atterrir, comme bon nombre, à Calais où ses tentatives de gagner la terre promise d’Angleterre restent vaines.
En ce début de récit on le retrouve à Ouistreham, petite cité côtière du Calvados d’où partent les ferries pour traverser la Manche jusqu’à Plymouth, dans un hangar désaffecté, où avec un ami de fugue, ils essaient de marchander de fausses pièces d’identité (ses quelques économies lui permettant cette possibilité de fuite). Le deal se passe mal, les malfrats rouent de coups les deux fugitifs, le compagnon de notre héros y trouvent la mort. Pierre Magin, puisque telle est devenue sa nouvelle identité, rossé mais vivant doit tenter l’aventure en solitaire. Même avec ce sésame, il monte sur le ferry tous les sens en éveil. Il fait la connaissance de Petra, une jeune étudiante française, avec qui il sympathise. Le début de traversée se passe sereinement, mais bientôt Pierre sera rattrapé par son passé et devra faire face à des problèmes inattendus, aidée de son alliée de circonstance. Le labyrinthe que constitue les différents accès et niveaux du bateau constituent une zone de danger constante. La tension reste présente jusqu’à l’arrivée dans le port de destination, terrain d’un final haletant digne de la grande parade de Walt Disney. Seulement là, le feu d’artifice final sera tiré, en territoire délocalisé, dans un autre pays.
Dans ce bon thriller, l’auteur nous maintient en haleine jusqu’à l’apothéose du dénouement final. Nos malchanceux héros sortiront-ils vivant de cet enfer ?