Après Un Trou dans la carapace, voici donc le deuxième ouvrage de Nicolas Ménard mettant en scène Bastien Guilian. On y retrouve tous les ingrédients littéraires qui nous avaient déjà ravis : une écriture sûre et maîtrisée, une intrigue mêlant de multiples éléments, une histoire très crédible, et un tempo qui ne faiblit jamais. L’auteur brouille habilement les cartes en développant autant qu’il intensifie les diverses pistes, fort nombreuses après la mise en place : un étrange passé au cours duquel, au début du siècle dernier, des pèlerins ont été assassinés, un langage codé découvert au domicile du « père Corbeau », une pierre qui recèlerait une portée religieuse, un hominidé presque indestructible et chasseur carnassier, un marécage qui semble doué de son propre instinct… Indéniablement, Nicolas Ménard dispose d’un talent de conteur autant que d’une solide imagination, au point que l’on a souvent l’agréable impression que cet opus constituerait un solide substrat pour un téléfilm de qualité. Ce qui frappe également, c’est sa façon si particulière de chorégraphier les scènes d’action : tout tient du thriller hollywoodien, mais l’écrivain les brosse à sa façon, de façon plausible, sans jamais pour autant tuer la tension de ces moments. Et le final tient toutes ses promesses : l’histoire, complexe, se dénoue avec limpidité. On pardonne donc avec d’autant plus de facilité quelques erreurs dans la forme, probablement liée à un manque de relecture de la part d’une tierce personne, comme cet enquêteur qui énonce les droits Miranda à un prévenu, une ponctuation parfois aléatoire, ou encore des répétitions – notamment du terme « prédateur » lorsque la créature sévit, des occurrences facilement évitables.

Un nouveau roman d’une bien belle tenue pour Nicolas Ménard, qui confirme autant son habileté que son tact. Voilà qui donne envie de découvrir ses autres ouvrages que sont Un Trou dans la carapace, La Mort à deux visages et La Promesse du gitan.