Romain Brunie est capitaine de police à la PJ d’Orléans. Il enquête sur une série de crimes dont tout porte à croire que la vengeance est le mobile. Il y a d’abord eu le meurtre d’une coiffeuse sexagénaire de Machecoul, en Loire-Atlantique, prénommée Marie-Ange. On n’a guère de témoignages précis, sauf de gens ayant aperçu la voiture de l’assassin. Peu après, à Vendôme, la mort de Jérôme Grasset va de pair avec celle de Marie-Ange. Bien que ça remonte à plus de quarante ans, le tueur avait des comptes à régler avec ces deux-là. Il a laissé en évidence une pièce d’un Franc près de chaque victime. Il n’en a pas fini avec le passé. C’est dans la maison de retraite où réside M.Mesnard qu’il va sévir. Car l’homme lui causa un gros préjudice voilà bien longtemps.

L’inconnu qui assouvit sa vengeance ne s’est jamais rebellé durant toute sa vie. Pourtant, il a eu affaire à quelques personnages fort désagréables, voire pire. Avec son épouse Caroline, ils avaient fondé une famille, menant une existence ordinaire. Malgré tout, il a encore des raisons d’en vouloir au nommé Pascal Duret, responsable d’un terrible drame qui marqua leur vie. Il estime n’avoir aucune raison de pardonner à ce type-là. Et puis, il y a aussi le cas de Roger Rossignol. À une époque, ce dernier fut leur voisin. Quelqu’un de malsain et, pour le dire clairement, un véritable emmerdeur. Ce que confirmera par la suite l’enquête de Romain Brunie, auprès du voisinage actuel. Une nouvelle fois, on trouve une pièce d’un Franc près du cadavre. La série criminelle continue.

Le tueur n’en a pas fini. Il est temps de s’attaquer à son propre gendre, qui maltraite sa fille depuis des années. C’est à l’issue d’une poursuite en voiture que l’assassin abat sa cible. La prochaine victime se trouve à Arcachon, sur son bateau. Il doit payer pour un vieux différend commercial qui affecta beaucoup Caroline, l’épouse du tueur. Pendant ce temps, Romain Brunie s’est installé dans la région de Nexon, tentant de cerner le profil de l’assassin. Le policier fait la connaissance de Lætitia, ravissante jeune femme avec laquelle il devient intime. C’est par son intermédiaire qu’il rencontre l’ancienne institutrice de Nexon, âgée de soixante-quinze ans. En effet, la plupart des victimes sont originaires de cette commune, la vieille dame se souvient d’eux, de leurs caractères. Quant au tueur, il reste une étape importante dans l’accomplissement de sa vengeance…

(Extrait) “Rien de neuf dans le canard. Relevé d’empreintes ADN, prises de témoignages et conjectures. Si mon jeune gendarme d’hier fait le rapprochement avec mon interpellation sur le parking, nul doute qu’il va sentir ses jambes trembler. Une Golf avec un avant bousillé, à cinquante kilomètres du crime, une heure après les faits, on ne peut que se rendre à l’évidence. Mon signalement va être donné, mais cela ne les aidera pas à me trouver, juste à être certain en cas de confrontation. L’adresse et le nom sur les papiers, s’il s’en souvient, vont les renvoyer à Limoges, dans une école de coiffure qui n’a jamais de près ou de loin entendu parler de moi. Il ne restera que le descriptif du véhicule, mais qui ira le découvrir au fond de mon garage ? Le signalement et l’acrimonie de l’acte trahissent une exécution programmée par le Milieu.”

Au sud de Limoges, en Haute-Vienne, la région limousine s’étendant de Nexon à Aixe-sur-Vienne, est probablement mal connue de la majorité des Français. Pourtant, le château de Nexon est historique, et cette commune abrita durant la 2e Guerre un centre de transit pour les Juifs étrangers, envoyés ensuite à Drancy et vers l’Allemagne nazie. Plus positif, Nexon est le siège du pôle national des arts du cirque, avec un chapiteau permanent, né de l’École Nationale du Cirque créée par Annie Fratellini et Pierre Etaix. C’est dans ce terroir que se place géographiquement cette intrigue, même si quelques meurtres vont être commis ailleurs, les victimes n’habitant plus forcément cet endroit.

C’est un double récit que nous présente l’auteur, en alternance. D’un côté, l’assassin anonyme raconte ses meurtres, non sans expliquer ce qui les justifient à ses yeux. Il s’agit d’un homme que l’on imagine fatigué, puisant dans ses forces pour accomplir ce qu’il n’a pas osé faire jusqu’à là. De l’autre, une narration traditionnelle nous permet de suivre le policier Romain Brunie dans ses investigations. Même s’il accumule des éléments, ce n’est pas strictement un roman d’enquête. Son idylle naissante avec la belle Lætitia compense la noirceur des actes du vengeur. Un suspense solide, très agréable.

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CLAUDE LE NOCHER
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